Rhino-sinusite allergique

LA RHINO-SINUSITE ALLERGIQUE : DE QUOI S’AGIT-IL?

La rhino-sinusite allergique est une maladie de plus en plus fréquente. Les mécanismes qui contribuent à l’augmentation inexorable du nombre de patients allergiques sont multiples et variés. Une réaction allergique est un dysfonctionnement de notre système immunitaire et peut rendre malade n’importe qui et à tout âge. L’intensité des symptômes semble diminuer lorsque l’on devient plus âgé. Cette maladie correspond à une inflammation de la muqueuse des fosses nasales et des cavités sinusiennes. Cette inflammation est secondaire à une stimulation conjointe de nos nerfs sensitifs et de notre système immunitaire par de multiples facteurs. L’inflammation de la muqueuse des fosses nasales s’accompagne toujours de celle des sinus et vice-versa, on parlera donc toujours de rhino-sinusite.

POURQUOI LES ÊTRES HUMAINS SONT-ILS PROGRAMMÉS POUR RESPIRER PAR LE NEZ ? COMMENT FONCTIONNE-T-IL NORMALEMENT ?

En situation normale, le nez est une interface entre notre environnement et l’intérieur de notre corps. Un adulte en bonne santé respire 14000 à 18000 litres d’air par jour.

L’organe nasal a un rôle essentiellement protecteur de notre système respiratoire. Malgré sa petite taille c’est un conditionneur de l’air que l’on respire très efficace. Lors de la respiration par les fosses nasales, l’air est réchauffé, humidifié et nettoyé comme dans un filtre. Plus de 90% des particules inhalées sont piégées lors de leur passage dans le nez par la couche de mucus recouvrant la muqueuse nasale. Ce mucus est comme un tapis roulant en mouvement permanent vers la gorge grâce aux battements des cils présents à la surface des cellules qui constituent la muqueuse nasale. Ce système auto-nettoyant est cependant très fragile.

En cas d’inflammation, il perd rapidement de son efficacité. Outre son rôle important dans le conditionnement de l’air inspiré, la muqueuse nasale est également un organe particulièrement sensible à tous les agents irritants qui peuvent être présents dans notre environnement. Les terminaisons du nerf olfactif nous permettent de sentir les odeurs qui nous entourent. Les fibres sensitives du nerf trijumeau sont capables de détecter les stimulations mécaniques, thermiques ou chimiques On peut considérer le nez comme un système d’alarme qui protège les voies respiratoires inférieures de l’inhalation de substances potentiellement dangereuses.

LA RHINO-SINUSITE ALLERGIQUE EST-ELLE UNE MALADIE FRÉQUENTE?

Oui, on estime que cette maladie affecte environ 25 à 30% de la population. La plupart des études épidémiologiques ont montré que le nombre d’individus qui souffrent d’une rhino-sinusite allergique avait considérablement augmenté au cours des 30 dernières années, en particulier dans les pays développés et industrialisés. Le nombre de personnes chez qui la maladie s’est déclarée au cours d’une année a été multiplié environ par 4 en 30 ans. Les rhino-sinusites allergiques peuvent être divisées en deux grands groupes : les rhino-sinusites saisonnières ou périodiques, en général secondaires à une allergie à des pollens et les rhino-sinusites allergiques perannuelles (présentes toute l’année). La rhino-sinusite allergique saisonnière est la plus fréquente.

Le nombre de patients symptomatiques semble dépendant de la concentration en pollens dans l’atmosphère. Les symptômes de la rhino-sinusite allergique pollinique semblent aggravés par la pollution atmosphérique. La rhino-sinusite allergique saisonnière peut apparaître déjà avant l’âge scolaire, mais elle est plus fréquente à l’adolescence. La rhino-sinusite allergique saisonnière, ainsi que la conjonctivite (inflammation des yeux) et l’asthme saisonnier, se déclarent rarement après ’âge de 35 ans, surtout si la personne affectée reste dans la même région géographique. En général, les symptômes diminuent avec l’âge et sont rares dès la soixantaine. Les rhino-sinusites allergiques perannuelles touchent environ 5 à 10% de la population. Les symptômes sont en général assez rares avant l’âge de 3 ans.

Les personnes les plus atteintes ont entre 15 et 30 ans. Le nombre de nouveaux patients et l’intensité des symptômes semblent diminuer progressivement après l’âge de 35 ans. La rhino-sinusite allergique perannuelle est fréquemment associée à un asthme bronchique. Il est important de noter qu’environ 70 à 80% des patients avec asthme ont une rhino-sinusite allergique perannuelle. D’autre part, environ 50% des patients souffrant de rhino-sinusite allergique perannuelle ont un asthme bronchique.

QUELS SONT LES SYMPTÔMES CARACTÉRISTIQUES?

L’inflammation est à la base de la rhino-sinusite allergique. Le premier symptôme qui apparaît est en général un prurit (démangeaisons ou picotements) que l’on ressent au niveau du nez, parfois dans la bouche, au niveau des yeux et parfois des oreilles. Ce prurit est en général suivi d’éternuements, puis d’un écoulement abondant de sécrétions aqueuses. Enfin, apparaît une obstruction nasale qui peut être accompagnée de maux de tête et d’un écoulement de mucus à l’arrière du nez qui sont associés à des brûlures ou à un prurit au niveau de la gorge.

QUE FAIRE SI JE SOUFFRE DE RHINO-SINUSITE ?

Les investigations pourront être pratiquées par le médecin de premier recours (pédiatre, généraliste ou interniste) en collaboration avec les spécialistes en allergologie, en pneumologie ou les spécialistes en oto-rhino-laryngologie (ORL) ayant également une formation en allergologie. Leur rôle est d’identifier le ou les allergènes responsables de la maladie.

L’identification de ces substances allergéniques se fera essentiellement par un interrogatoire détaillé, en particulier sur l’époque de l’année à laquelle apparaissent les symptômes et les caractéristiques de l’environnement de la personne affectée. L’interrogatoire sera suivi de tests cutanés d’allergie qui représentent actuellement la méthode la plus sensible pour poser le diagnostic. Ces tests sont indolores et peuvent être réalisés chez les enfants, même dès la première année de vie. On peut également effectuer une prise de sang afin de déterminer si la présence d’IgE totales est plus élevée que la moyenne et rechercher la présence d’immunoglobulines de type E (IgE) spécifiques à certains allergènes.

Il est parfois très utile d’associer les investigations allergologiques avec un examen des fosses nasales. Cet examen est réalisé par le spécialiste avec un endoscope qui permet d’aller examiner l’aspect de la muqueuse dans les fosses nasales (couleur, oedème, nature des sécrétions) et l’architecture interne des fosses nasales (malformations de la cloison, hypertrophie des cornets, présence de polypes, etc…). Lorsque le bilan allergologique met en évidence une susceptibilité à certains allergènes, on parlera d’hyperréactivité spécifique. Lorsque ce bilan est négatif, mais que des symptômes et des signes cliniques caractéristiques sont identifiés, on parlera d’hyperréactivité non spécifique.

QUELS SONT LES TRAITEMENTS DE LA RHINO-SINUSITE ALLERGIQUE ?

Lorsqu’elle est possible, l’élimination des contacts avec l’allergène reste la base la plus efficace du traitement. Les mesures d’éviction sont parfois difficiles à réaliser lorsqu’il s’agit d’une allergie aux pollens de végétaux abondants dans l’environnement. En revanche, l’éviction est réalisable lorsqu’il s’agit d’une allergie à des substances rencontrées à l’intérieur de l’habitat ou lors d’une activité professionnelle. Lorsqu’il s’agit d’une rhinosinusite allergique perannuelle due aux acariens, des mesures d’éviction peuvent être proposées pour diminuer l’exposition aux acariens. En particulier, literie appropriée, élimination des tapis et de la moquette dans la chambre à coucher et housse anti-acariens pour le matelas. En cas d’allergie aux animaux, les mesures d’éviction sont parfois difficilement réalisables en raison de facteurs psychologiques et affectifs.

LE LAVAGE DES FOSSES NASALES

Au cours de ces dix dernières années, le lavage des fosses nasales s’est considérablement développé. Son efficacité à été prouvée par de nombreuses études scientifiques. Le lavage de la muqueuse nasale avec de l’eau salée tiède est la meilleure façon de diminuer la quantité d’ allergènes présents sur la muqueuse. En effet, lorsque la muqueuse est le siège d’une réaction inflammatoire, le système auto-nettoyant (transport muco-cilliaire) est toujours perturbé. De nombreuses solutions prêtes à l’emploi sont disponibles en pharmacie. Un lavage du nez devrait toujours être suivi d’un mouchage. Il devrait être fait avant l’application d’un spray de corticostéroides.

La cure de désensibilisation ou immunothérapie est le traitement le plus efficace pour modifier la réponse immunitaire face à un allergène. L’efficacité de la désensibilisation n’est pas applicable à toutes les allergies. Elle a été bien documentée, en particulier pour différents pollens (graminées, arbres, herbacées) et les acariens. Ce type de traitement sera d’autant plus efficace qu’il sera fait rapidement et que le nombre d’allergènes auxquels le patient est sensibilisé, est limité.

LE TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX

Les antihistaminiques sont très souvent utilisés dans le traitement des rhinosinusites allergiques par voie générale ou locale. Ces médicaments diminuent l’écoulement de mucus, l’intensité du prurit et la fréquence des éternuements, mais semblent moins efficaces sur l’obstruction nasale. On a souvent reproché aux anti-histaminiques d’entraîner une somnolence et une fatigue importante. Ces effets secondaires peuvent être diminués si ces médicaments sont pris le soir. Les nouveaux antihistaminiques actuellement disponibles ont beaucoup moins d’effets secondaires de ce type.

Les molécules anti-inflammatoires par voie locale,comme les corticostéroïdes topiques qui sont des agents pharmacologiques avec des effets bénéfiques similaires à ceux de la cortisone, sans en avoir les effets néfastes. Les nouvelles molécules récemment développées diminuent de façon spectaculaire l’inflammation au niveau des muqueuses rhino-sinusiennes, tout en ayant très peu d’effets secondaires. Lors d’usage prolongé dans le temps, ils peuvent entraîner une sécheresse nasale avec développement de croûtes et parfois de saignements. Ces effets secondaires peuvent être facilement contrôlés par l’application de pommade.

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Prof. Jean-Silvain Lacroix
Clinique des Grangettes, Chêne-Bougeries

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